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aussi tandis que Samuel reste creuseur, lui, il est chargé de donner au sabot la dernière main, puis on ne l'occupe qu'à la saboterie de luxe, aux mignons brodequins de bois, vrais chefs-d'œuvre de patience et d'art dont raffolent les filles de la côte, les patriciennes de la mer, les Paimpolaises aux pieds menus, pareilles à des dames. Il a même pris des leçons de sculpture, un été qu'on travaillait dans les parages de Lanvellec - où sont les imagiers bretons, les Mener. (Il faudra que cela lui serve pour sculpter à l'écart une image de la fille de Plouézec dont il deviendra éperdument amoureux). - Il vit beaucoup avec Samuel qui l'aime d'une amitié admirative, le considère un peu comme un être d'une autre essence, comme quelqu'un dont les Mener ont dit que si on le leur laissait, ils en feraient le plus célèbre imagier de saints qui se serait jamais vu en Bretagne.

La famille Kerangouez se compose, outre le fils, du père, Tual Kerangouez, un [illisible] de bois, doux d'ailleurs, et un peu triste. Cette tristesse lui reste d'une histoire domestique qui lui est arrivée jadis, quand il s'agit pour lui d'épouser Madalen, sa femme. Celle-ci avait déjà donné sa parole à un autre. Les anciens chargés du rôle d'arbitre décidèrent une rencontre, le jugement de Dieu. Le compétiteur de Tual resta sur le carreau, le crâne fendu d'un coup de hache. C'était le temps où les mœurs sabotières étaient encore toutes pénétrées de la barbarie primitive. Aujourdhui fort adoucie. Jamais, le vieux Tual ne s'était consolé de cette mort qu'il avait donnée. On disait que le dernier regard de cadavre l'avait toujours