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[indiqué sur la page de l'agenda portant la date du lundi 23 mars]

Levés à la même heure. 7 1/2.

Pas de soleil, quoiqu'on le sente couver derrière le gris quasi compact du ciel : en revanche, du vent, un vent véhément du Nord, le vrai [Kassasin?]. L'Egypte nous aura fait cette faveur de ns montrer tous ses temps. Aujourd'hui, c'est la rafale continue, battant le ciel, rebroussant le fleuve qui a, par places, une couleur bilieuse. Les giashas voyagent néanmoins sous voiles, mais leurs ailes sont à demi repliées : la voile reste nouée à la vergue et carguée sur les 2/3 de sa longueur, en sorte qu'il n'y a de déployé en l'air qu'un triangle réduit, mais qui ne leur donne pas moins un aspect nouveau et charmant. Et avec quelle vitesse elles nous croisent ! Elles semblent voler sur l'eau comme des plumes. - Huit heures : c'est l'heure où les femmes viennent à l'eau, où la frise humaine se remet en marche le long des deux corniches du Nil et, sur les hommes comme sur les femmes, ce ne sont que draperies qui palpitent, avec quelle noblesse et quelle grâce. Loin de déranger les vêtures, le vent leur communique comme une vie et comme une harmonie nouvelles.

Et c'est notre dernier jour de navigation sur le fleuve enchanté. Ce soir, nous ns rendrons, au Caire, notre dernier mouillage sur ses bords, en face des pyramides qui le veillent depuis des éternités.

Vers 10 heures nous passons devant une barque qui doit venir tout juste de chavirer, car ses deux marins sont en train d'essayer de la remettre sur pied. Un de ses bords est au dessus de l'eau sur laquelle le mât et la gde vergue sont couchés. Un des hommes a traîné un cordage à terre et cherche, tout mouillé, où l'attacher : l'autre est à cheval sur le mât, en train sans doute d'essayer de dégager la vergue. Le Khamasin n'est pas sans faire des siennes à l'occasion et il souffle toujours violemment (V. 7 février)