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Journal (Dambya 7 décembre) 345
un jeu de mots en Amharña (gazzat li gaza) et tout le monde rit aux dépens du pauvre mamhör. Nous partimes avant le jour et nos deux askazafi pagayant des deux cotés avec leurs gros roseaux arrivèrent à daga en six heures étant un peu aidés par le vent de terre au lever du jour. En revenant par un calme plat nous mimes exactm. 6 heures aussi mais on doit aller plus vite dans un farasaña ou leger tankwa à 2 personnes. Treize tankwa étaient venus de Dak' à k'warata pour la fête patronale : dix s'en retournerent avec nous. Les environs de Daga sont parmi les plus profons du lac ce à quoi l'on devrait s'attendre vu la hauteur abrupte de la colline. [dessin] Je conçois ainsi la forme de l'ile de Daga et de la partie de Dak' qui en est voisine. en e est un [noeud ?] de colonnes droites à plusieurs [pans?] presqu'à fleur d'eau et qui doit être du basalte. nous entrames par le creux après e où la cote est moins [accore?]. près de là sous les ruines d'un mur en pierres sèches fait par les religieux du tems jadis nous montames par une pente escarpée vers le sanctuaire de St. Etienne en S. le chemin est tellement empetré de végétation que je ne pus m'empêcher de remarquer que le couvent doit être très fiévreux ce qu'on regarda comme un prodigieux effet du savoir de gypt car j'avais rencontré juste. L'église de St. Etienne est un [sot?] sakala orienté vers [réserve] Les peintures sur toile perissable comme à l'ordinaire tombent en lambeaux et il n'y a rien là qui soit remarquable si ce n'est la chaise de l'abba en joli bois noir scuplté. Toute l'église est tellement entourée d'arbres qu'il est impossible de prendre l'azimuth des points voisins ce que je regrettai beaucoup car la position de Daga est près du centre du lac. L'oka bet ou trésor de l'église est plus bas avec un petit parvis où l'on tendit de vieux tapis et je me vis aussitôt entouré des plus vieux manuscrits que j'eusse encore vu en Abyssinie à l'exception peut-être de l'évangile d'Abba garima. J'en achetai 18 pour 175 th. le prix que j'avais offert car on se gardait de me contredire et toutes les fois que j'ouvrais la bouche c'était des exclamations sur ma sagesse et ma beauté jusqu'à ce que la honte me contraignit au silence. je vis là un recueil de vies de saints en 4 volumes in folio le plus gros ouvrage que j'eusse encore vu en Abyssinie mais le manque d'argent m'empêcha de l'acheter. Quand j'eus fait mon choix on me mena sans facon dans la trésorerie. c'était la 1ere. fois que j'entrais dans un öka bet Abyssin. on offrit de me montrer les squelettes de Fasiladas de q.q. autres rois et enfin de Zara Yaökob Roi, auteur, général et le seul Ethiopien qui sans impulsion étrangère ait songé à relier L'Abyssinie au retse du monde chrétien en envoyant trois savans religieux au concile de Florence, et en fondant l'église de St. Etienne à Rome à coté du tombeau de St. Pierre. Je parlai de cette fondation et l'on me loua encore quand je dis que les moines de St. Etienne à daga avaient leurs cellules prêtes dans St. Etienne de Rome, qu'ils n'avaient qu'à venir et que le st. Pontife qui siège sur le trone de st. Pierre les benirait avec effusion de joie. pendant ce on tachaît de briser les charnières du cercueil de Fasilidas mais je fremis à l'idée que ce Roi avait chassé nos missionaires et je leur dis que je préférais Zara Yaökob. "Voyez comme il dit bien dit un prêtre décrépit : le gypt aussi que Zara Yaökob était notre plus grand Roi des Rois. Puis ouvrant le cercueil et écartant le suaire: "Até Zara Yaökob était de petite taille. je crois que la tête est de ce coté. s'il n'est pas prêtre, dit mamhör Gwalou il ne doit pas toucher les ossemens. cependant le vieux prêtre n'y voyait guere et je passai la main gauche sur le front du chrétien défunt depuis trois siècles. Ses orbites me semblerent très écartés. le prêtre me fit remarquer des sandales en cuir tout à fait pareil à celui de Gondar auj. puis dechirant le suaire et m'en donnant un fragment : je crois bien dit-il que dans le tems passé je me suis fait excommunier si je donnais à personne un morceau de ce linceul mais Dieu me pardonnera de l'avoir donné au 1er gypt qui ait visité le sanctuaire d'astifanos. Ensuite le vieillard s'accouda sur le cercueil et selon l'us Ethiopien : "que Dieu le fasse retourner à sa patrie ! Amen, dirent tous les assistans. Que Dieu lui fasse embrasser sa mère. - Amen. Que Dieu le ramène à ses amis ! Amen qu'il aplanisse ses routes. Amen. Qu'il allège son coeur dans l'amertume - Amen - qu'il lui donne abondance de jours - Amen - qu'il l'endorme du sommeil des justes - Amen. qu'il lui donne le royaume des Cieux - Amen - Dites un Pater à ces intentions. Nous priames tous à cotê des reliques de Zara Yaökob et je crus voir dans cette unanimité de nos coeurs un présage d'une prochaine et étroite communion entre les Chrétiens d'Europe et leurs frères d'Ethiopie.