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de nous, à un mille environ. Des barques ont passé, gazouillantes du rauque gazouillis arabe, comme les nids d'oiseaux qui viennent les éveiller. Des villages défilent rive droite, toujours enveloppés dans leurs palmeraies. Des femmes puisent l'eau du fleuve sacré. Le Nil et le Gange, deux frères, dans ma pensée.

Nous longeons Beni-Hassan dominé par des montagnes aux formes étranges avec à mi-flanc 39 tombeaux. Dans une coupe de la montagne, le Spéos Artemidos. le village de Beni-Hassan fut bombardé par Méhémet-ali. [La?] population ranconnait les bateaux du Nil. Même aujourd'hui les bateaux Cook ne viennent jamais mouiller contre cette berge. On voit très bien les entrees des tombeaux à mi-pente, avec le sentier qui y conduit et qui doit être rudement chaud à grimper.

Fort courant après Beni-Hassan. Nous passons près de grands bancs de sable que les indigènes sont en train de cultiver : ils y tracent des sillons pour y planter des concombres qui dans 21 jours seront verts. Ainsi, même ces dépôts que le Nil recouvre dans ses crues et qu'il déplace servent à la prospérité du pays. Notre équipage, me dit Saleh, mange surtout des légumes : aubergines, concombres, et ce qu'il appelle gombo (la gumbo [soupe?] américaine) qui est ce qu'en Amérique on appelle ochra, qu'on mange tantôt sec, tantôt vert, selon les saisons : il y en a des chapelets dans les boutiques. Par moments, une petite secousse du bateau annonce que nous avons touché le fond, et qu'il faut changer un peu de route. Saleh a accompagné un grand-duc allemand qui