2:139:12689

Tam. le 2 Août 62

J’ai passé ma journée d’hier à courir vainement après l’occasion qui devait m’emmener à in-Eker pour prendre l’avion ce matin à 6h. Les oueds coulent parvenu à tit de semi-remorque que je voulais prendre. blocage à in-Amguel des camions partis de Tam. Tout cela par la faute de ce M. de Vernou du C.E.A qui ne m’a pas averti la veille du départ de son camion. Écœuré devant la trahison, j’ai trop tendance à accepter l’échec. Je porte encore en moi cette philosophie de

l’échec qui fait que très près du but je laisse 

parfois le destin m’orienter ailleurs. Je ne mets pas toute ma force jusqu’au bout. Un reste de passivité active de fatalisme, faiblesse intérieure ? je ne sais Aussi excès d’orgueil de fierté a abandonner ce qui ne vient pas de plein gré avec le mérite qui s’y rattache.

Fatigué physiquement ou exaspération morale. Je me sens avachi, faiblar, ouvert à toutes les faiblesses, les dangers. Je comprends très bien les grandes faiblesses des femmes ici, toute barrière morale, tout tonus les abandonne peu a peu c’est la poussée extérieure de la vie qui gagne sur l’individu qui en fait une victime.

Il ne faut vivre ici qu’en tant qu’individu fort, garder en soi une certaine âpreté à la vie, mordre à pleine dent sur l’animal que représente le monde extérieur. Il faut aussi avoir une vie régulière, une activité professionnelle équilibrée. La mienne ici en ce moment ne l’est pas assez. Je ne travaille pas assez dans la journée., mais les circonstances ne me permettent pas d'en faire davantage.