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30 novembre - 1er décembre. [Rollo 24]
San Rafaël. colonie française fondée en 1835 avec 80 familles de Savoie, Doubs..etc L'hôtel d'un frère Couturier, né là, ayant bourlingué en France durant 20-30 ans, puis revenu après cette guerre à San Rafaël, où il a un frère rupin. On voit là défiler une série de types bien français avec la diversité des paysans et villageois de chez nous : le frère C, grand et gros, au parler lent, riche (car outre un petit rancho, il a un commerce de tourteaux et galletas) ; il est sûr de lui et on l'écoute (très anti-indiens, les explorateurs de la conquête n'ont pas bien fait : devaient tous les tuer !) Un frère Gas, boulanger, beaucoup plus modeste, qq. peu fantaisiste (chasseur et pêcheur acharné) ; ravi de causer, avec sa moustache grise, c'est le pur villageois français. D'autres grands, châtain ou blonds au teint clair : purs français comme leurs filles du reste. Tous sont des paysans visiblement travailleurs et économes, un peu "près de leurs sous" il me semble bien à qq. détails.
- Paul Capitaine, grand blond né ici, a un "rancho" à la sortie du village : vaste grange de type français avec un grand toit pentu couvert de petites tuiles - écailles aux tons pain brûlé. A côté une maison au toit du même genre, qui rappellerait celles de chez nous si elle n'avait une sorte de galerie [schéma] sur le devant. (Intérieur très propre mais très simple, à peine plus vaste qu'une riche ferme de chez nous). En arrière le verger de grands arbres (hulé, cocotiers, cacaos, orangers...) puis les vastes plantations de bananiers (40 ou 50 ha) donnent un air franchement exotique à cette ferme semi-française. M. Capitaine, qui a un nombreuse famille, doit être très riche : il y a qq. 300 bananiers à l'hectare et chacun rapporte 25 à 30 pesos par an. Calculons ! Il a en outre quelque bétail et a acheté très cher un taureau zébu ; Enfin il a d'autres ranchos, d'élevage ceux-là vers la montagne. Naturellement il possède auto, tracteur,, chevaux etc.. Il ne perd pas une minute et le dimanche même est utilisé pour la paye des péons (ce qui est une occupation fort absorbante pour le maître). Ses propriétés ont pris une grosse valeur avec l'ouverture de la route par Aa Camacho, le [illisible] et visiblement il achète des terres.
- Paul Capitaine nous prête des chevaux et nous allons au rancho de son cousin Alfred Couturier, pilotés par son jeune fils : par de vastes plantations de bananiers un peu monotones, on arrive à un petit coin de