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Version actuelle datée du 10 octobre 2018 à 18:52
[55] Aujourdhui, lundi de la Pentecote, 1er juin 1914, pendant que Rennes s'ingénie à applaudir Poincaré, je suis venu avec Kik-Kik à ce qu'elle appelle la « Grande Pagne ». Nous avons longé le chemin de halage du Cabinet vert, et franchissant le pont, nous sommes descendus dans la prairie où nous venions autrefois baigner Cybèle et où Robert prétendait, pendant mon dernier voyage d'Amérique, qu'il l'amenait pour y pleurer mon absence auprès d'elle. Je pleurerais bien aussi, moi, cet après-midi, sur lui d'abord, et sur combien d'autres choses, et sur moi-même. J'ai, en effet, le cœur crevé d'abandon. Jamais le sentiment de l'effroyable qui désormais est mon lot ne m'a plus enveloppé. Et la journée que j'ai passée hier à St Brieuc, pour assister à l'arrivée du Président, celle que j'y avais passée la veille pour l'inauguration du buste de Villiers, la soirée d'hier à la table des artistes (Boucher — à demi ivre, ce pauvre Ronsin, qu'on avait laissé sortir de [St Min?], puis Lenoir, Fougerat, Roger, et l'exquis, le distingué de Lappara), encore qu'on y rit fort sur le compte du fameux Baccaflor, l'Inca, en évoquant les histoire de son semi beau-père Tomaso, tout cela, — avec aussi la philosophie plus écœurée que Combe avait exprimée sur ces voyages présidentiels — tout cela me laisse triste, plus éperdu que jamais, d'une tristesse qui s'aggrave tragiquement de ce que je ne puis le confier à personne. C'est [de?]