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Version actuelle datée du 9 mai 2018 à 00:00
96
diner, nous assistons à un second concert exactement pareil au premier, avec les mêmes paroles monotones : Alla hellé-Al-la- la, accompagnés ds mêmes claquements de mains. Cela a l'air de les amuser bien plus que nous. C'est celui qui joue du tam-tam qui pousse l'alla-helé, et les autres qui reprennent en claquant des mains : ah la la ! Il n'y a qu'un changement, c'est qu'une sorte de bombarde très binioutante accompagne le tam-tam. L'instrument est de roseau ou de bambou, avec une partie plus large où sont les tours, et finit par un pavillon de fer blanc. Un matelot en turban blanc et robe danse la danse du ventre ; un autre qui s'est grimé la figure de blanc danse avec un balai. Celui qui danse la danse du ventre tient un bâton qu’il se passe parfois derrière le cou. Et c'est une sauvagerie bon enfant. La bombarde en question est en somme une espèce de hautbois. Le joueur change d'anche de temps en temps. Le second air qu'il joue sonne vraiment comme un air breton, [?] un air à la fois de bombarde et de biniou car il a mis deux anches à son instrument. On dirait une dérobée. L'homme gonfle ses joues comme un joueur de biniou. Vient ensuite un homme déguisé en femme qui danse la danse du ventre en jouant des castagnettes. Le danseur y met une véritable religion : il a les yeux presque clos et un sérieux extraordinaire dans sa physionomie de bronze, une conviction sacrée. C'est tout le désert que cet homme vient soudain de nous apporter avec ce qu'il a de lointain, d'étrange, d'infiniment