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Version actuelle datée du 14 juin 2016 à 16:13
44
menant lentement, avec des pas d'éternité, sa ronde sans fin. Sur la rive droite, les montagnes viennent presque toucher le fleuve, le dominent comme des tours, comme des forteresses aux assises inégales, montrant leurs flancs de sable dénudé où rien ne pousse, à part quelques végétations du désert, presque incolore. Le ciel, blanc de chaleur sur l'horizon oriental, d'un bleu plus marqué au-dessus de nos têtes, mais pur infiniment sans un nuage qui fixe le regard. Cette nuit, nous entendions glisser doucement le courant du fleuve que scandait son clapotis contre la berge boueuse, striée de fibrilles rougeâtres : une véritable terre noire, et qui doit être d'une surprenante fécondité. Quelques voiles sont faites de plusieurs bandes cousues ensemble et qui ont des teintes rosées. le safran des montagnes dans le soir, hier, avec des bandes de rose et de carmin. Quand je suis sorti, le matin, de ma cabine, la première chose qui m'a salué était une tombe de Sheikh avec son dôme gris, et autour d'elle quelques pans de murs croulants, le tout sur une pointe avancée qui entrait au coeur du fleuve. Et de nouveau j'ai pensé aux chapelles bretonnes. Dans la lointaine et brumeuse armorique à laquelle me ramène sans cesse ne fut-ce que par opposition, cet incomparable pays de la lumière qui naquit un jour sur ses bords et se baigna toute nue dans son fleuve. Une barque passe chargée de sacs pleins dont le tas dépasse ses bords et est garnis en dessous de paillers comme les corbeilles oblongues qui garnissent le dos des chameaux chargés. Le nom est en arabe sur l'avant, à droite, et le matricule (ici 1889) à gauche [croquis] Les shadoufs et les sakkyieh servent naturellement, lorsque le fleuve va baisse à élever l'eau du fleuve au niveau des champs cultivés. Cependant le sakkyié est au travail toute l'année. la roue de la sakkyé