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Version actuelle datée du 21 décembre 2016 à 13:31

16 Une grande immobilité plane encore sur les choses, car la journée va être aussi belle, aussi calme, aussi apaisée que celle d'hier et d'avant-hier. L'eau de l'étang frémit à peine. - A sa surface safranée courent des fumées légères, d'un blanc laiteux ; en face et derrière, les bois ont je ne sais quel air de toisons laineuses tout embués encore de l'haleine nocturne. Partout il y a des espèces de mousselines ténues qui planent et peu à peu se déchirent. Des paysans à cheval viennent baigner leurs bêtes et échangent, à voix sonores, les premiers propos. Le visage du jeune ciel, aux teintes infiniment délicates et charmantes, se réfléchit dans le miroir immobile de l'étang qui semble l'accueillir avec délices. Les petites ouates, suspendues de ci de là à la voûte firmamentaire, s'empourprent et s'animent, comme si le sang magnifique de l'astre encore invisible les teignait déjà et s'insinuait en elles. Il y en a comme des fuselées éparses. Une sorte de souffle aussi s'est éveillé et caresse l'épiderme de l'étang, dont les fumées se résorbent lentement. Pas d'autre bruit encore qu'un chant de coq, un aboi de chien, et le frissalis du ruisseau dans le bief du vieux moulin qui est en contre-bas de la chaussée. J'ai à ma