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Version actuelle datée du 11 décembre 2016 à 21:56

74 Aujourd'hui, Vendredi 24 févier 1911, comme je faisais mon cours à la faculté, mon neveu Edouard Meuron est venu en larmes m'annoncer la mort de sa mère, ma sœur aînée. C'est le dernier membre de ma famille proprement dite qui s'en va : de toute la petite tribu qui prit naissance à Saint-Servais, je reste désormais seul, seul. Je pars tout à l'heure pour confier à la terre bretonne cette part de moi-même qui fut ma sœur Marie. Que de choses dans ce nom ! Nous sommes partis, Robert et moi, par le train de 4h. Les paysages de la route que les yeux de ma soeur avaient pu contemplés, il y a 3 semaines encore, ont défilés devant les nôtres : la nuit était complètement tombée quand ns sommes débarqués à Belle-Isle-Bégard - Il faisait du vent, du froid, de la ténèbre, et il pleuvait. Arrivée sinistre comme en pays inconnu. Personne naturellement à nous attendre. Bichon en avait son pauvre petit cœur tout serré. Devant la gare, un omnibus et un char à bancs. Je demande le courrier de Bégard. C'est le char-à-bancs : le cocher qui a une toux de tuberculeux est le même courrier qui tant de fois a déposé entre les mains de Marie ses sous de dépêches. Après plusieurs minutes d'attente, debout dans le nuit, sous les gouttes en rafale de la pluie intermittente, il nous convie enfin à nous hisser dans la carriole à un seul banc qu'éclaire une seule lanterne borgne. Au passage à niveau nous assistons aux manœuvres d'un