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Version actuelle datée du 22 mai 2019 à 10:36
En route pr Concarneau, 27 octobre 1899 (Samedi). – Un mot de marin entendu dans le train à Rosporden.
— J'aime mieux être à bord d'un bateau que d'être à bord d'un train.
Son bateau, l'Iroise, un thonier, a été à demi écrasé par une vague en face des Penmarc'h. Elle a eu son cabestan enlevé, dit-il... et puis deux hommes. Et il ajoute :
— C'est trop de misère, tout de même.
Le roman du sabotier. — Je l'ai trouvé, ce soir, dimanche 29 octobre, à mon retour de Beg-Meil, en le racontant à table, après souper, à Marrain et à Edouard. — Tanguy Leïzour est un fils d'ancien patron sabotier. Son père mort de mort tragique, tué par un arbre, – un arbre-sorcier, comme il en subsiste, dit-on, qques-uns dans les régions boisées de l'Argoat, restes de l'ancienne forêt primitive, de la mystérieuse Brocéliande. Il a été recueilli, élevé, éduqué dans son métier, à la façon maçonnique par la famille patronale des Kerangouéz, d'anciens nobles d'avant la Révolution, jadis propriétaires de la demeure seigneuriale de Rozvilien, en pleine forêt ducale de Duault, peu à peu glissés à la vie forestière, chouans d'abord, puis hommes des bois, vivant des métiers de la forêt, pris par le charme de la vie libre et adoptés par le « cousinage » (un des ancêtres creusait, dit-on, les sabots, en ayant derrière lui, pendue à une branche d'arbre, au-dessus de sa tête, sa vieille épée de gentilhomme.) Une sœur de Tanguy, restée orpheline avec lui, a été élevée par une de ses tantes, religieuse aux Augustines de Montbareil à Guingamp. Elle y est restée. C'était toute sa famille. Il resta seul, sous la tutelle des Kerangouez, adopté par eux, devenu un des leurs. — Avec Samuel Kerangouez, il a été à l'école de Callac, puis il est revenu apprendre le métier. Il a passé avec son compagnon par toutes les étapes de l'initiation. Il a une main admirable. une main d'artiste, tandis que l'autre est plus maladroit.