Différences entre versions de « 4:50:4261 »
(3 versions intermédiaires par un autre utilisateur non affichées) | |||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
+ | 1 |
||
Paimpont, ce vendredi soir, |
Paimpont, ce vendredi soir, |
||
7 octobre 1910. |
7 octobre 1910. |
||
− | [Je continue ici les notes que j'ai |
+ | [Je continue ici les notes que j'ai commencé |
− | + | à rédiger sur le précédent cahier.] - Passé |
|
la maison forestière, nous sommes arrivés |
la maison forestière, nous sommes arrivés |
||
− | au grand chemin qui redescend vers |
+ | au grand chemin qui redescend vers Paimpont |
− | + | et se continue, au-delà, vers le Pas |
|
du Houx. - Et nous avons repris nos cris |
du Houx. - Et nous avons repris nos cris |
||
d'admiration devant les splendeurs déjà |
d'admiration devant les splendeurs déjà |
||
répandues à profusion par les premières |
répandues à profusion par les premières |
||
− | + | touches de l'automne sur tout cet étonnant |
|
− | + | pays. Toutes les variétés de teintes et |
|
tous les contrastes. Le vert profond, le vert |
tous les contrastes. Le vert profond, le vert |
||
− | puissant, le vert éternel du houx s' |
+ | puissant, le vert éternel du houx s'allumait |
− | + | et scintillait au soleil déclinant, |
|
parmi des peuples de hautes fougères qui, |
parmi des peuples de hautes fougères qui, |
||
− | dénichées, étalaient |
+ | dénichées, étalaient dans leur agonie |
toutes les gammes du jaune, de l'or, de |
toutes les gammes du jaune, de l'or, de |
||
la pourpre et même du lie de vin. Mais |
la pourpre et même du lie de vin. Mais |
||
le triomphe de la couleur, c'étaient les |
le triomphe de la couleur, c'étaient les |
||
− | champignons qui le réalisaient. |
+ | champignons qui le réalisaient. Il |
− | y en avait d'immenses, et qui se |
+ | y en avait d'immenses, et qui se recourbaient |
− | + | comme des fauteuils de cuir |
|
gaufré, pointillé de clous multicolores, |
gaufré, pointillé de clous multicolores, |
||
− | pour |
+ | pour recevoir les petites divinités de la |
− | forêt, les |
+ | forêt, les teuz dont parlent les Bretons, |
− | les |
+ | les menus êtres invisibles et immatériels |
qui sont les âmes éparses de ce royaume |
qui sont les âmes éparses de ce royaume |
||
des ombres et du silence. |
des ombres et du silence. |
Version actuelle datée du 7 décembre 2018 à 11:04
1 Paimpont, ce vendredi soir, 7 octobre 1910.
[Je continue ici les notes que j'ai commencé à rédiger sur le précédent cahier.] - Passé la maison forestière, nous sommes arrivés au grand chemin qui redescend vers Paimpont et se continue, au-delà, vers le Pas du Houx. - Et nous avons repris nos cris d'admiration devant les splendeurs déjà répandues à profusion par les premières touches de l'automne sur tout cet étonnant pays. Toutes les variétés de teintes et tous les contrastes. Le vert profond, le vert puissant, le vert éternel du houx s'allumait et scintillait au soleil déclinant, parmi des peuples de hautes fougères qui, dénichées, étalaient dans leur agonie toutes les gammes du jaune, de l'or, de la pourpre et même du lie de vin. Mais le triomphe de la couleur, c'étaient les champignons qui le réalisaient. Il y en avait d'immenses, et qui se recourbaient comme des fauteuils de cuir gaufré, pointillé de clous multicolores, pour recevoir les petites divinités de la forêt, les teuz dont parlent les Bretons, les menus êtres invisibles et immatériels qui sont les âmes éparses de ce royaume des ombres et du silence.