Différences entre versions de « 4:47:3800 »

De Transcrire
Sauter à la navigation Sauter à la recherche
(Page créée avec « le petit bout de promontoire de pierre dominant à pic la grève, les rochers noirs, fleuris des tons dores des guëmois : au loin le phare du Jardin qui est comme le cier... »)
 
m (A protégé « .NDE.NDU0Ng » ([Modifier=Autoriser uniquement les administrateurs] (infini)))
 
(6 versions intermédiaires par 3 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
le petit bout de promontoire de pierre dominant
+
le petit bout de promontoire de pierre dominant
à pic la grève, les rochers noirs, fleuris des tons dores
+
à pic la grève, les rochers noirs, fleuris des tons dorés
des guëmois : au loin le phare du Jardin qui est comme
+
des goëmons : au loin le phare du Jardin qui est comme
le cierge funèbre, veillant de nuit la tombe;
+
le cierge funèbre, veillant de nuit la tombe ;
la longue croupe du cap Fréhel, d'un bleu violacé,
+
la longue croupe du cap Fréhel, d'un bleu violacé,
avec son phare intermittent et blafard ; Cézembre
+
avec son phare intermittent et blafard ; Cézembre
avec sa chapelle en ruines, son fort moderne et sa
+
avec sa chapelle en ruines, son fort moderne et ses
deux croupes jumelles, entre lesquelles s'ouvre une baie de
+
deux croupes jumelles, entre lesquelles s'ouvre une baie de
sable, puis des traînées de roches visibles à mer basse
+
sable, puis des traînées de roches visibles à mer basse
qui semblent former une chaîne continue depuis
+
qui semblent former une chaîne continue depuis
le Cap Fréhel jusqu'à la pointe Lavarde où
+
le Cap Fréhel jusqu'à la pointe Lavarde où
une hutte de gabelous semble un oratoire. Très au
+
une hutte de gabelous semble un oratoire. Très au
loin, la silhouette à peine visible des îles Chaussey .
+
loin, la silhouette à peine visible des îles Chausey.
il est l'horizon que le mort [pense?] embrasser de sa tombe.
+
Tel est l'horizon que le mort peut embrasser de sa tombe.
Ce bout de promontoire [illisible] avec sa plate-forme de
+
Ce bout de promontoire avec sa plate-forme de
granit où est le socle de la tombeet la tombe elle-même,
+
granit où est le socle de la tombe et la tombe elle-même,
avec sa croix de pierre sans un nom est une espèce de
+
avec sa croix de pierre sans un nom est une espèce de
cimetière de la gloire. Il dort là, inconnu, visité de
+
cimetière de la gloire. Il dort là, inconnu, visité de
passants dont les propos doivent le faire frémir - mais
+
passants dont les propos doivent le faire frémir - mais
uni la merveilleuse, l'incessante, la bruissante
+
aussi la merveilleuse, l'incessante, la bruissante
chanson des vagues à son chevet d'éternité.-
+
chanson des vagues à son chevet d'éternité.-
  +
  +
C'est hier, en me rendant au Casino de Paramé,
  +
par le Sillon, puis par la Digue, que j'ai pleinement
  +
compris en quoi Châteaubriand est vraiment
  +
un fils de St Malo et comment ce pays
  +
explique en partie la forme de son large, harmonieux
  +
et mélancolique génie.- Une houle
  +
infinie accourait des profondeurs calmes, et quoique
  +
ce fût une soirée très douce, un de ces
  +
beaux soirs tranquilles, la vague déferlait puissamment,
  +
heurtait à grands coups sourds les
  +
troncs ébranchés des brise-lames et faisait flotter
  +
tout le long du parapet de granit les chevelures,
  +
les crinières de son écume, ses embruns échevelés.-
  +
Et je vis l'ampleur de ce paysage, l'harmonie
  +
de cette immense courbe de sable où la mer
  +
se déchaîne libre, la fuite du large, l'éternelle
  +
sollicitation de l'inconnu, et cette

Version actuelle datée du 6 décembre 2018 à 11:11

le petit bout de promontoire de pierre dominant à pic la grève, les rochers noirs, fleuris des tons dorés des goëmons : au loin le phare du Jardin qui est comme le cierge funèbre, veillant de nuit la tombe ; la longue croupe du cap Fréhel, d'un bleu violacé, avec son phare intermittent et blafard ; Cézembre avec sa chapelle en ruines, son fort moderne et ses deux croupes jumelles, entre lesquelles s'ouvre une baie de sable, puis des traînées de roches visibles à mer basse qui semblent former une chaîne continue depuis le Cap Fréhel jusqu'à la pointe Lavarde où une hutte de gabelous semble un oratoire. Très au loin, la silhouette à peine visible des îles Chausey. Tel est l'horizon que le mort peut embrasser de sa tombe. Ce bout de promontoire avec sa plate-forme de granit où est le socle de la tombe et la tombe elle-même, avec sa croix de pierre sans un nom est une espèce de cimetière de la gloire. Il dort là, inconnu, visité de passants dont les propos doivent le faire frémir - mais aussi la merveilleuse, l'incessante, la bruissante chanson des vagues à son chevet d'éternité.-

C'est hier, en me rendant au Casino de Paramé, par le Sillon, puis par la Digue, que j'ai pleinement compris en quoi Châteaubriand est vraiment un fils de St Malo et comment ce pays explique en partie la forme de son large, harmonieux et mélancolique génie.- Une houle infinie accourait des profondeurs calmes, et quoique ce fût une soirée très douce, un de ces beaux soirs tranquilles, la vague déferlait puissamment, heurtait à grands coups sourds les troncs ébranchés des brise-lames et faisait flotter tout le long du parapet de granit les chevelures, les crinières de son écume, ses embruns échevelés.- Et je vis l'ampleur de ce paysage, l'harmonie de cette immense courbe de sable où la mer se déchaîne libre, la fuite du large, l'éternelle sollicitation de l'inconnu, et cette